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Affichage des articles du janvier, 2017

"Histoire véritable", de Montesquieu

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Quittant non sans satisfaction Le temple de Gnide, nous tombons dans pire encore, à savoir l' Histoire véritable, aussi fausse que son titre le laisse prévoir, présentée par un libraire qui veut gagner de l'argent, et qui n'est autre bien entendu que le sérieux Montesquieu lui-même ; il est vrai qu'un homme de sa position ne se fût pas aidé en publiant des ouvrages d'une telle légèreté. Bien d'autres avaient agi ou agiront de même. Il imite en cela Lucien de Samosate et ses Histoire vraie, repris par Apulée dans son Âne d'or, mal traduit dès le titre car c'est de rousseur qu'il faudrait parler : toute vache rousse chez les Hébreux, tout enfant roux chez les Egyptiens, se faisaient brûler en tant que porte-malheur... La publication de cette Histoire véritable est contemporaine de Gil Blas de Santillane, " dernier chef-d'œuvre" nous dit-on de la littérature picaresque : le Moyen Âge, Cervantès, tant d'autres, aiment à nous

Fleurs et couronnes

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Après la mort de sa femme, Georges n'est pas accablé de chagrin. Il demeure auprès du corps, assis au niveau des seins, répétant Ce n'est pas vra i. Les haut-parleurs diffusent en sourdine Goodbye stranger, Le veuf demande : Qu'y a-t-il autour de moi ? Claire décrit le papier peint vert, le corridor pavé, la serpillière ; plus loin le dédale et les chambres, et les bouffées suries de déjections et de désinfectant, et tout cela, il était inutile de le rappeler. L'établissement compte trois étages de portes feutrées, salons et autres pièces indéfinissables, où passent des rumeurs de chariots, de phrases pâteuses et de grincements d'infirmière. Sur le lit Myriam gît dans son peignoir, la tête calée sur un gros coussin de glaçons. Ses lèvres ont pris l'aspect de cordelettes violacées. « Je ne veux pas rester à Valhaubert dit Georges. - Vous occupez la meilleure chambre. - Pourquoi m'aviez-vous séparé de ma femme ?

Vie balbutiante

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Quand je réponds au téléphone, enfin, et qu'il est contrarié, Benoît ne trouve plus ses phrases. Il exprime son contentement, son ravissement d'avoir bien joué, s'adresse au bout du fil ses compliments à lui-même, en bredouillant. Je comprends 30 % de ce qu'il dit, en ajoutant « oui, oui », à intervalles régulier. Il me parle de la sonorité des voûtes ou du plafond baroque, m'invite dès le lendemain chez lui, et comme je lui ai sucré les trois messes de Noël, je ne puis décliner trop de fois. Le mardi ? C'est qu'il va chez sa fille, qui ne manifeste aucun projet de me recevoir (qu'en ferais-je ?), et reçoit son injection. Ces produits miraculeux vous lobotomisent la bite et le cerveau. « Peut-on vivre sans sexualité ? » Arielle répondait doucement, je ne sais plus quoi. À présent elle et moi poursuivons notre « chasteté définitive », selon le mot terrible. Nous vivons, oui, en nous demandant comment nous faisions avant, autrefois, au temps de la be

Noch einige Wörter

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Die Heißmangel ne figure pas dans le Larousse. Seulement die Mangel, « la calandre », ce qui « réchaufferait » le moteur, comme semble l'indiquer la racine cal- de « calorifère ». Heißumstritten serait alors l'action de « chauffer le moteur », ou plutôt le fait de s'échauffer dans un débat. Nous ne consulterons plus le Larousse que pour vérifier les significations du Duden, sans être certain de les y trouver. Nous sommes de nouveau renvoyés à heiß, « chaud ». De préférence à ces pédanteries répétitives, nous préférerions des précisions : Hammer n'est pas seulement un Werkzeug, un outil, mais ce qui permet de frapper sur un clou par exemple, un marteau. Passons à présent à une racine dérivée sans doute de la première : heiter, «clair, découvert, serrein » : heiteres Wetter, « temps clair », exemple du Larousse. D'où Heiterkeit, « clarté, pureté » - die Heiterkeit des Himmels, « la pureté, la sérénité du ciel ». Heiterkeitserfolg, «accession à la sérénité

Ma vie qui n'intéresse personne

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Ve rs 18h je me suis livr é à des achats alimentaires, car le ventre bien plein dit à la tête de chanter, Apollon a bien bu quand il crie Evohé ! Puis je suis rentré chez moi, près d'Arielle, dont le nom signifie «lionne de Dieu ». Nous avons passé tant de nuits ensemble, tant de vie. Lui faire du bien c'est montrer son plaisir de vivre, ce que j'ai rarement montré. Toute minute échappée au devoir d'écrire me semblait un moment perdu. L'amour était du temps perdu. C'est ainsi que j'accumulais une masse d'écrits dont mon petit-fils a dit : «  Ç a en fera du papier, tout ça », car la culture littéraire n'est pas ce qui semble devoir étouffer les générations à venir. Mais qui lit encore les poètes du VI e siècle ? Mes descendants auront bien du mal ou de l'indifférence avec ce que je laisse derrière moi, bouses de mammouth. Les traces du grand homme. L'archéologie a de beaux jours devant elle. « Ensuite, qu'avez-vous fait 

Didascalies

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B E R N A R D C O L L I G N O N D U P É C H É D E C H A I R P O U R U N E M E I L L E U R E A P P R O C H E D E  D I E U Éditions du Tiroir 2028 BERNARD COLLIGNON TRAITÉ DU PÉCHÉ DE CHAIR POUR UNE MEILLEURE APPROCHE DE DIEU 2 PERSONNAGES MAATZ Pascal, docteur, né le 23 août 1967, 36 ans. Exerce à ( 47 ) Moncap Divorce prononcé aux torts du mari, lui-même. Aide-manipulateur : Fat Kader Ben Zaf, patron de bar-expositions. Énorme et « jovial ». Pascal a pour maîtresse Magda Bost , ancienne boulangère devenue prostituée rue H.. L'emmène avec lui à Châteauneuf-en-Bousse ; Magda connaît la buraliste locale , ancienne pute, comme elle. Participera, sans grande conviction, à un stage de sculpture au bord du Bassin d'Arcachon. François dit Frank NAU, s on demi-frère , FIL