Nos insanités
Cette croisière interminable et déliquescente ressemble à celle du Gibraltar de Marguerite Duras. Nous passons d'escale en escale. Et sur la terre ferme, immanquablement, grouillent les touristes. En général cela se passe le matin, quand le soleil tropical n'a pas encore liquéfié les cerveaux et les aisselles. Il n'est pas si rare de croiser, sur ces ports inconnus, des connaissances qui s'ennuient comme elles peuvent en parcourant le monde. Cette fois-ci, c'est une femme, et cela m'arrange bien. M'arrangerait bien si ce n'était pas cette demoiselle Duit, au nom ridicule, petite joufflue mal fringuée, qui m'avait présenté à son père. Il avait de l'humour, son père : dans le salon trônait une inscription, "le travail fatigue l'homme ; et encore plus la femme". J'avais trouvé cela inepte. Son père était mort, comme si j'avais voulu le punir de je ne sais quelle soumission : lors d'une extraction dentaire, une h