"Histoire véritable", de Montesquieu
Quittant non sans satisfaction Le temple de Gnide, nous tombons dans pire encore, à savoir l' Histoire véritable, aussi fausse que son titre le laisse prévoir, présentée par un libraire qui veut gagner de l'argent, et qui n'est autre bien entendu que le sérieux Montesquieu lui-même ; il est vrai qu'un homme de sa position ne se fût pas aidé en publiant des ouvrages d'une telle légèreté. Bien d'autres avaient agi ou agiront de même. Il imite en cela Lucien de Samosate et ses Histoire vraie, repris par Apulée dans son Âne d'or, mal traduit dès le titre car c'est de rousseur qu'il faudrait parler : toute vache rousse chez les Hébreux, tout enfant roux chez les Egyptiens, se faisaient brûler en tant que porte-malheur... La publication de cette Histoire véritable est contemporaine de Gil Blas de Santillane, " dernier chef-d'œuvre" nous dit-on de la littérature picaresque : le Moyen Âge, Cervantès, tant d'autres, aiment à nous