Salamandre
Choisir, c'est
péché. Choisir, c'est déroger. Ce matin, la « photo de
presse » est la couverture
d'un
carnet d'adresse. Il est allongé, tout dans les jaunes et noir, avec
une longue queue de salamandre aux anneaux bariolé. Carnet
d'adresses lisons-nous an bas à
gauche, d'une écriture féminine et dorée, boucles du C,
dédoublement de la courbe du d, le « t » de « carnet »
détaché avec une belle barre d'enfant de part et d'autre de la
tige. L'animal lui-même est issant à senestre, jaune vif, les
quatre pattes écarquillées avec leurs cinq doigts en soleils, pour
porter le ventre. La postérieure est fautivement coupée du corps
par un faux trait de perspective, le tout vient d'un enfant ou d'un
imitateur d'enfant : avec un gros œil
globuleux et surpris, un petit iris de bande dessinée car la
salamandre ne regarde pas ainsi.
Pour
que ce soit plus drôle et familier encore, l'enfant qui l'a créée
fait partir de l'arrière-train sans respect de vraisemblance ou de
perspective anatomiques une fine queue non pas dégressive à la
façon du vrai animal, mais tenant du merveilleux motif que nous
connaissons tous, le Marsupilami, géniale
création et créature de Franquin l'année de mes 8 ans, dont je fus
amoureux quand j'en eus 14. La queue descend en affluent amazonien,
remonte et se replie très haut, cloisonnées de carrés brun, rose,
orange, encore brun puis bleu ciel, et je ne dis rien des trois
longues bandes horizontales bistre,
ocre clair et noire à
même lesquelles un instant s'est immobilisée ma salamandre
attentive et guetteuse.
Choisir, c'est
péché. Choisir, c'est déroger. Ce matin, la « photo de
presse » est la couverture
d'un
carnet d'adresse. Il est allongé, tout dans les jaunes et noir, avec
une longue queue de salamandre aux anneaux bariolé. Carnet
d'adresses lisons-nous an bas à
gauche, d'une écriture féminine et dorée, boucles du C,
dédoublement de la courbe du d, le « t » de « carnet »
détaché avec une belle barre d'enfant de part et d'autre de la
tige. L'animal lui-même est issant à senestre, jaune vif, les
quatre pattes écarquillées avec leurs cinq doigts en soleils, pour
porter le ventre. La postérieure est fautivement coupée du corps
par un faux trait de perspective, le tout vient d'un enfant ou d'un
imitateur d'enfant : avec un gros œil
globuleux et surpris, un petit iris de bande dessinée car la
salamandre ne regarde pas ainsi.
Elle
est surprise au saut du lit dans la rosée, nez au vent et l'autre
œil,
le caché, rehaussé par l'arcade sourcilière, anthropomorphisme de
bande dessinée, toute prête à s'enfuir ou toute indécise et ravie
face au vaste monde et ne sachant quelle volupté absorber en
premier, du vent, des traces de pluie ou d'un éblouissement
d'aurore. Elle
est à la fois de profil et par dessus, naïve mais complète,
immobile pour ce quart de seconde et prête à s'élancer petit
ventre à terre en tortillant de tout le corps sur ses pattes
écartées. Toute en jaune, sauvage et familière, apprivoisée,
capturée par le dessin cernant qui trace autour d'elle un liseré
doré sans reprise, comme une intaille qu'on
aurait gravée pour un petit lexique animalier.
Pour
que ce soit plus drôle et familier encore, l'enfant qui l'a créée
fait partir de l'arrière-train sans respect de vraisemblance ou de
perspective anatomiques une fine queue non pas dégressive à la
façon du vrai animal, mais tenant du merveilleux motif que nous
connaissons tous, le Marsupilami, géniale
création et créature de Franquin l'année de mes 8 ans, dont je fus
amoureux quand j'en eus 14. La queue descend en affluent amazonien,
remonte et se replie très haut, cloisonnées de carrés brun, rose,
orange, encore brun puis bleu ciel, et je ne dis rien des trois
longues bandes horizontales bistre,
ocre clair et noire à
même lesquelles un instant s'est immobilisée ma salamandre
attentive et guetteuse.
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