Sophie Volland

...Et les années passent... Lettre CV, mort en 1784, mais il n'en sait rien, à mon âge exactement. Diderot parle de personnages que nous ne connaissons pas, s'entretient de ses diarrhées avec sa Sophie, mentionne un "prince" sans majuscule, plaisante sur icelui, passe à Dieu sait quel "mélancolique ambassadeur de Hollande" qui s’en tient les côtés et rit jusqu’aux larmes. Il suffirait de consulter la ligne précédente, pour comprendre. Que totu cela aille au vent ! Diderot ne demanderait pas mieux - "nous traitons ensuite la chose sérieusement". Qu'il est vivant ! qu'il est vain ! Qu'adviendra-t-il cinq ans après sa mort ? Nous n'envoyons plus de si longues lettres.
Nous ne rions plus des mêmes choses, nous récitons de l'Ormesson, pléiadisé, et c'et tant mieux. J'adore Messon. Quant au "prince", il était cocu. Toute femme peut tirer son coup. Ce sont des sexes que nous ne maîtrisons pas. Qu'lles nous trompent donc, pourvu qu'elles se mettent au dessus, pour ne pas tacher ses habits. Que tout retombe donc sur l'homme. Paraphrase et nombril. Sans besoin du lecteur, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre. elles auraient donc honte de nous tromper, parce que la chose est si facile. Toujours la honte de la facilité : la femme se penche, le pédé se penche, et voilà un cul d'enfilé. Où, le mérite ? Pour l'homme, de baiser.
Pour la femme, de l'éviter. Cette condamnation du passif remonte à l'Antiquité latine. Plus haut Diderot disait, de pire façon : la fille qui désire se sent submergée de la honte d'être dominée. Elle a besoin du jouggggg. Baiser, pour une femme, c'est s'abaisser, c'est chier, c'est reconnaître qu'elle descend à l'être inférieur, alors que j'aime tnt me faire "englober", "engloutir", "gober". "Mangez-moi" dit le champignon. De bien laides choses, ou bien, mal exprimées. La femme cède et jouit de honte. Dieu merci elles n'en montrent rien, car c'est l'homme qui jouit, et s'abaisse, et reconnaît le pouvoir de l'autre, altera. " Le prince en convient, mais à condition qu’on lui permettra d’être soupçonneux, jaloux, et qu’on n’en plaisantera pas." Nous avons l'impression de lire une querelle d'adolescents.
C'est à cet âge-là qu'on éprouve des sentiments, que l'on comprend des idées. Les Le mélancolique ambassadeur de Hollande s’en tient les côtés et rit jusqu’aux larmes ; nous traitons ensuite la chose sérieusement.. Des horaires bizarres aussi : "de sept heures et demie jusqu’à deux ou trois heures, au Salon" - mais que faisait-on donc à ces heures-là ? Il n'y avait donc rien à "faire" ? Le peuple, oui, le peuple peut trimer ; mais nous autres bourgeois, que nous sommes tous devenus, n'avions-nous qu'à nous entretenir, en nous faisant servir quelques babioles ? et "dîner" vers 3h ? de quel côté est la barbarie, la bizarrerie ? Toujours parler, s'échanger les potins, se brasser les idées ? "un tour de promenade jusqu’à la chute du jour" - quelle belle existence ; "mais si tu ne regardes pas la télé, qu'est-ce que tu fous de toutes tes journées" ?
Les voici "rue Ste-Anne" : une grande rue aux murs blancs et lisses, derrière lesquels souffrirent ma mère et Althusser ? "Son fils fait des progrès "! Le fils de Mme Le Gendre. Putain de con, je n'ai jamais pu savoir qui était cette "Mme Legendre", en un ou deux mots. Je croyais que c'était la maman de Sophie Volland et de sa gouinasse de soeur (elles jouissaient ensemble, rendez-vous compte, l'une de l'autre, entre soeurs ! cela se comprend pour des jumelles, mais ici ? ô scandale, ô inconnu, ô ridicule ! (de moi, de moi). C'est trop fort. Il faut que je cherche, il faut que je lise. Il me faut croire que toute goutte de moi enclôt un insecte, comme les résines de Baltique.
Ô connerie, ô inconscience, crise à mon tour de petit fou-rire, car de grands il n'en faut plus parler. Nous parlions d'horaires bizarres ? Que dirions-nosu de nos machines qui prétendent remplacer L'Encyclopédie ? qui se détraquent et vous envoient n'importe où, effaçant vos documents en un clin d'oeil, tandis que les pages qui se tournent se rouvrent toujours fidèlement où elles doivent ? Je ne sais plus, et depuis très longtemps, qui est cette dame Legendre, qui est son fils, celui qui clavecine, peut-être. Il existe un magasin Legendre à Langres, rue Diderot justement. J'ai fait étape en cette ville voici trente années justement Ils ont un accent aigre, sur le plateau, de gorge serrée, qui s'adoucit vers Chaumont. "M. Digeon vient lui en rendre compte. Elle en est transportée de joie ; mais c’est un éclair qui passe, et je les trouve tristes tous deux."
Monsieur Digeon, Madame Legendre : en ces murailles ou dans Paris survivent encore les descendants des servants de Bourgogne...

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