Du latin pour les fachos

"Il s'est baigné dans les flots glacés du Rhin, rigidis (...) undis Rhenus, allitération en "r", j'en frissonne, "de la Saône, du Rhône, de la Meuse" (en premier lieu le site de Lyon, sa ville natale), "de la Marne, de la Seine, du Lez" – curieux : il existe deux Lez, l'un en Ariège, l'autre en Hérault, mais l'encyclopédie nous en révèle en troisième, affluent du Rhône : il nous plairait d'y voir encore un hommage de Sidoine à sa région natale – non, c'est celui de Montpellier : sans doute, nous dit Loyen, ce fleuve rappelait-il quelque chose à Majorien personnellement.
Mais l'énumération se poursuit, que Majorien se soit ou non effectivement baigné dans ces cours d'eau ; estimons-nous heureux que le prétendu poète ne les affuble pas chacun d'une épithète censée correspondre à sa caractéristique : "le Lot, l'Allier, de l'Aude, du Wahal" – quel grand écart ! Le bras méridional du delta du Rhin, qui reçoit la Meuse ! Il fut donc partout, ce vaillant Majorien ! Capable de bondir d'un bord à l'autre du troupeau menacé de l'Empire ! quelle admiration ! quelle aigreur chez son général, rongé de jalousie ! Même, le voilà contraint de reconnaître que son subordonné "a bu l'eau de la Loire coupée en morceau à coups de hache" ! Elle était bien bonne en ce temps-là. "Quand il défendit Tours qui redoutait la guerre, tu n'étais pas là" : ce tutoiement intempestif n'est certes pas celui d'un monologue auto-accusateur, mais celui de la femme, wisigothe – tout s'explique ! ces Barbares sont des femmes néfastes ! - qui excite la jalousie de son époux.

Elle a plus entendu parler de Majorien, pourtant bien jeune encore, que de son mari ! La femme consentait bien à devenir esclave, pourvu que ce fût du plus grand des maîtres ! Cela se passait vers 448, lors de ces mystérieuses révoltes des Bagaudes : on parle encore aujourd'hui du Bagad de Lann-Bihoué. C'est une troupe, une bande, pas un jazz-band bien sûr, mais un de ces groupes à contours variables qui parcouraient tout l'ouest de la Gaule, en révolte contre tout, administration, empire, impôts, contraintes sociales de tout ordre, et qui préféraient risquer sa vie à lutter contre tout et n'importe quoi, véritable révolution existentielle larvée, dont un Ingmar Bergman aurait pu seul nous raconter l'exaltante histoire que nous pressentons. V, 211, 60 10 15.
...NOUS PASSONS DU VERS V 157 AU VERS V 211 eh bien tant mieux, toujours autant de redites en moins

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Tnntative désespérée pour faire de l'ordre

Hercule qui crève

Serait-il possible...?